Je prends quelques minutes pour vous faire part de réflexions personnelles concernant le mouvement étudiant et la coalition des associations de lettres et sciences humaines...
Contexte politique généralLa ministre de l'éducation a annoncé un dégel des frais de scolarité universitaires. Dégel auquel ne s'opposent ni Mario Dumont et son parti, ni Pauline Marois. L'ASSÉ a adopté une position d'escalade des moyens de pression menant vers la grève à son dernier congrès. La FECQ/FEUQ sort tranquillement des limbes, essayant de coalitionner les groupes étudiants de l'extrême-centre autour d'elle
À l'UQAM, le brasier couve. L'université est à deux doigts de la tutelle. La convention collective des professeur-e-s est arrivée à échéance, celle des employé-e-s de soutien le sera bientôt. Les étudiant-e-s se sont vus refiler une partie de la facture de la débâcle du projet de l'Ilôt Voyageur, projet dont ils-elles contestaient pourtant la validité depuis belle lurette. Mais plus qu'une simple question d'argent, c'est la qualité de l'éducation et l'effervescence de la recherche qui sont menacées par les restrictions budgétaires uqamiennes. En résumé, les uqamien-nes sont en *bip* !
Sans compter, qu'à Montréal, la convention collective des cols bleus arrive à échéance, et la grève des employé-e-s de soutien de la STM n'a été que repoussée à l'automne si rien ne s'arrange. Certain-e-s croient à la possibilité d'une grève sociale générale.
Ainsi, qu'on le veuille ou non, qu'une grève étudiante ait lieu ou non, que les étudiant-e-s de l'UdeM s'y joignent ou non, l'automne sera mouvementé.
Contexte politique udemienPeut-être que le dégel des frais de scolarité et la possibilité d'une grève à l'automne ne suffit pas à vous faire lever de votre chaise. Peut-être que cet extrait d'une édition récente de La Presse le fera : « L'Université [de Montréal] prépare un plan de contingence visant à retrouver l'équilibre d'ici deux ans. [...] Une période de transition visant à établir une nouvelle base budgétaire des facultés en prenant en compte les priorités de l'institution ainsi que les revenus générés est annoncée
. Selon un scénario présenté,
la Faculté des arts et sciences perdrait près de 10 millions par an, celle de théologie et sciences des religions près de 800 000$, celle de musique près de 700 000$
tandis que d'autres seraient gagnantes. C'est le cas des facultés de médecine, de médecine dentaire et de médecine vétérinaire » (1). Laissez-moi vous dire que je me suis étouffée avec mon jus d'orange ce matin-là !
Pour en ajouter à votre possible indignation, je citerai cet extrait d'un article paru dans Présence magazine en 2005 : « Verra-t-on sous peu sonner le glas des sciences sociales? L'université pourra-t-elle continuer à enseigner ces matières peu payantes ? "Voilà l'hypocrisie. Car on continue à cacher la réalité : les universités sont majoritairement financées par les étudiants en sciences sociales. Ils sont en quelque sorte les vaches à lait de l'université. Ils ne coûtent pas chers comparativement aux étudiants en médecine. [...] Une chance que tous ces étudiants, souvent mal considérés, sont nombreux et ne coûtent pas cher. On les entasse dans de grands amphithéâtres et l'université fait plein de fric avec eux", déplore M. Hamel » (2).
Réflexions & conclusionJe ne sais pas, mais il me semble qu'il est grand temps pour les étudiant-e-s en sciences sociales et humaines de l'Université de Montréal de se faire entendre ! Et la CALESH devrait se faire le porte-voix de nos revendications et de nos réflexions, ce qui est loin d'être le cas en ce moment.
Évidemment, on pourrait toujours attendre l'automne en se disant que les étudiant-e-s vont naturellement investir la coalition par la pulsion de l'effervescence politique qui régnera sûrement au Québec, et que la coalition prendra alors enfin son envol. Seulement, je ne crois pas que la CALESH est seulement capable de servir d'agora à un nombre critique de membres. Ses structures, ses réseaux d'information et de communication sont, selon moi, simplement trop faibles pour encaisser une implication massive des étudiant-e-s.
Ayant hérité de la gestion du site web, je vous assure qu'il ne permet pas présentement une diffusion massive d'information. En cas de grève, il ne survit pas une journée. Aussi, les réseaux internes de communication de la coalition sont, de ce que j'en sais, quasi-inexistants. Une coordination minimum entre les associations membres n'est pas déjà en place. Il suffit de lire la saga des réunions et des AG reportées dans les archives de la liste de diffusion pour s'en convaincre. Et la liste des problèmes pourrait encore s'allonger comme ça.
Mais, bon, j'ai déjà vu des associations vraiment plus mal foutues devenir des modèles d'implication étudiante. Je peux vous parler de mon expérience à l'AESS-UQAM* si vous voulez ! Un vrai roman-savon : poursuites judiciaires, harcèlement, chicanes internes, trahison, divorce (d'avec la FEUQ), héhé
Tout ça dans le désintéressement le plus total des étudiant-e-s. Pourtant, on a réussi à organiser quelque chose de plus que bien finalement.
Alors, le cas de la coalition ne me semble pas du tout désespéré. Un bon travail de départ a déjà été réalisé, les bases sont là. C'est juste que pour profiter du boost politique de l'automne, il faudrait l'organiser mieux. Sinon j'ai bien peur qu'elle ne soit pas à la hauteur et qu'elle partage le triste destin du CMIDUM* ou du CIEL* : finir aux oubliettes après quelques sessions.
Aussi, j'en appelle à tou-te-s : est-ce qu'il y a des personnes intéressées par l'avenir de la coalition et qui ont
un peu de temps à mettre pendant l'été pour la préparer à une rentrée en force ? Si oui, on peut planifier un CoCo estival ou ressuciter le comité à la vie communautaire. Moi, ça me démange de le faire, mais pas toute seule dans mon coin !
Merci d'avoir pris le temps de lire mon message. Qu'en pensez-vous ?
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(1) Marie Allard, « L'UdeM a fait le choix d'être déficitaire, selon la ministre Courchesne », La Presse, 1 juin 2007.
(2) Valérie Martin, « L'éducation post-secondaire : quand la culture d'entreprise remplace Marx et Descartes à l'école », Présence magazine, vol. 14, no 108, septembre 2005, p. 20-29.
* AESS-UQAM : Association étudiante du secteur des sciences de l'UQAM
* CMIDUM : Comité de mobilisation interdépartemental de l'UdeM
* CIEL : Coalition interdépartementale des étudiant-e-s libres