Les étudiants et étudiantes de l'AÉHUM Forum provisoire des étudiants et étudiantes d'histoire de l'Université de Montréal |
| | Sur la gratuité scolaire. | |
| | Auteur | Message |
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Admin Admin
Nombre de messages : 11 Date d'inscription : 30/01/2007
| Sujet: Sur la gratuité scolaire. Mar 30 Jan - 21:48 | |
| Que pensez-vous de la gratuité scolaire? Bonne idée? Lubie de communiste? Exprimez-vous. | |
| | | Guillaume
Nombre de messages : 239 Age : 38 Localisation : Ça dépend de ousque chuis. Date d'inscription : 30/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Mar 30 Jan - 21:52 | |
| Moi, je suis pour. J'attends vos interventions avec grand enthousiasme. | |
| | | Norm
Nombre de messages : 21 Age : 36 Localisation : Ben... Montreal? Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Mer 31 Jan - 21:53 | |
| Personellement, je suis pour aussi. Je ne vois pas de raison solide de ne pas la mettre en application. Cependant (bref hors-sujet) je me demande bien qui est "Admin" | |
| | | Guillaume
Nombre de messages : 239 Age : 38 Localisation : Ça dépend de ousque chuis. Date d'inscription : 30/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Lun 12 Fév - 19:32 | |
| Devant l'absence d'argumentation du côté adverse, nous devrons nous contenter de nous autoproclamer les vainqueurs de ce débat. Le vote sur la levée de cours est demain. Levez-vous tôt. | |
| | | Jérémie Thériault
Nombre de messages : 59 Date d'inscription : 11/02/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Lun 12 Fév - 19:53 | |
| - Guillaume a écrit:
- Le vote sur la levée de cours est demain. Levez-vous tôt.
Ho que oui! Et je compte bien « mettre mon poing sur la table » pour faire valoir la gratuité scolaire devant tous ses malheureux récalcitrants et autres personnes beaucoup trop terre à terre. | |
| | | Norm
Nombre de messages : 21 Age : 36 Localisation : Ben... Montreal? Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Mar 13 Fév - 0:04 | |
| D'office, les sondages (ce que je sais de la masse populaire, ca veut dire fiez-vous-y quand meme pas) ne vont pas en ce sens. je prédis que la journée de levée de cours ne passeras pas.
J'allais poster ici un énorme essai sur pourquoi il est important de voter POUR cette journée de levée de cours et pourquoi demander la gratuité scolaire est une bonne chose, mais me rendant compte qu'il ferait dans les 5-6 pages, ma en faire le résumé si je peux à l'AG de demain. | |
| | | Guillaume
Nombre de messages : 239 Age : 38 Localisation : Ça dépend de ousque chuis. Date d'inscription : 30/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Mar 13 Fév - 19:54 | |
| Finalement, tu avais raison, Norm. Heureusement, la revendication même de la gratuité scolaire n'a pas été battue, mais simplement un moyen de la mettre en valeur. Alors le débat est loin d'être terminé! | |
| | | Mathieu S.P.O.R.
Nombre de messages : 12 Age : 38 Localisation : CEPSUM (plaisirs...) Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Mar 20 Fév - 20:57 | |
| Bon, je viens de découvrir le nouveau forum et me voilà seul (du moins pour l'instant) pour défendre la position Contre la gratuité scolaire, tel un pauvre soviet devant 3-4 panzers allemands. Mais ne pouvant reculer (parce que les seuls russes qui ont des armes guettent ma fugue) je pense qu'une bonne dose d'argumentation Pour et Contre nous fera tous avancer dans notre pensée. Eh oui, votre ministre des loisirs et du sport est un fasciste, que voulez-vous j'ai la moitié du titre d'un certain ministre de l'éducation. Je vous exposerai ma vision de la gratuité scolaire dans les prochains jours...ça risque d'être long... M. Norm, si vous en avez l'occasion j'aimerais connaître votre version de ce sujet en version résumé ou longue de 5-6 pages c'est pas grave, je vais la lire quand même. Les autres aussi ça serait intéressant si vous avez un peu de temps, parce que vous vous êtes proclamés vainqueurs d'un débat qui n'a pas eu lieu. Vous avez vendu vos tablettes d'argile en démotique de propagande avant d'avoir tué l'ours. | |
| | | Guillaume
Nombre de messages : 239 Age : 38 Localisation : Ça dépend de ousque chuis. Date d'inscription : 30/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Mar 20 Fév - 21:46 | |
| Note: le démotique ne s'écrivait pas sur des tablettes d'argile, mais bien avec de l'encre sur du papyrus. Des liens sont disponibles dans la section "documents". Vous y trouverez les sources de la majeure partie de mon argumentation à venir. | |
| | | Norm
Nombre de messages : 21 Age : 36 Localisation : Ben... Montreal? Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Jeu 22 Fév - 20:22 | |
| Bon alors voici ma version/speech que je pensait faire; mais gare à vous, j'ai dormi seulement 15 minutes cette nuit pis je pense avoir chopé une grippe, alors pardonnez mes typos et mes possibles incohérences. NB, je ne pense pas que ce soit 5 pages ca, mais ca en fait ben plus d'une! " De la gratuité scolaire ou pourquoi la réclamer." Mix de speech et de texte écrit Par Marc-Éric Boury D'abord je tiens ici a faire valoir un point de mon argumentation, afin que vous ne soyez pas déstabilisés par la nature disons... inhabituelle de mes arguments. Je ne mintéresspe pas vraiment aux questions financières derrières la gratuité scolaire. Certaines études disent qu'elle coûterait moins cher que le système actuel, d'autres, qu'elle serait un fardeau financier d'un poids immense. Comme nous ne pouvons les départager avec assurance, tout argument sur ces points est relativement sans issue, au même titre que celui sur tel ou tel pays où la gratuité est appliqué contre dans tel ou tel autre où ca a foiré. De toute façon, on peut faire dire n'importequoi d'une étude de nos jours. Ce qui m'intéresse comme argumentation, c'est plus le côté idéologique et les répercussions sur la société, pas sur le portefeuille de ses membres, de la gratuité scolaire. vous voila maintenant prévenus, entons dans le vif du sujet. Faire ou ne pas faire la gratuité scolaire est un choix. non seulement un choix économique, mais surtout un choix politique et un choix idéologique. Comme je vous l'ai dit, je laisse tomber le plan économique, n'étant pas spécialiste de la question et ne pouvant pas me fier à des études qui oublient volontairement ou non certains pasn entiers des calculs de coûts et bénéfices que la gratuité amènerait. Le but ultime des sociétés humaines ou plutôt de leur développement semble, si je puis me permettre de tandre toujours vers l'idéal. c'est ce qui amena le concept du progrès: on veut développer, améliorer constamment nos sociétées pour un faire des endroits... meilleurs. Depuis des centaines d'années et jusqu'à récemment, c'est en majeure partie l'idée d'individualisme qui a prédominé de par le monde (en tant que futurs historiens, je ne pense pas devoir citer ou montrer des exemples ici, vous n'avez qu'à réfléchir aux siècles passés que vous devriez connaître ne serais-ce que minimalement). Avec l'avènement de la révolution francaise, et du socialisme, les premières idées de développement social sont apparues, et ont tentés (quoi que souvent sans grand succès) d'implanter des idées d'entraide et d'unité sociale (pardonnez moi, mais je ne sais exprimer ce concept différemment). Évidemment, implanter un nouveau système de valeurs n'est pas une chose aisée. Tel l'homme de Néandertal devant le Sapiens, l'ancien système cherche à se préserver, à survivre par tous les moyens possibles, quitte a refuser de voir qu'il est dépassé, obsolète. C'est exactement ce qui continue de se passer. Pensez-y l'evenir est-il vraiment dans le conservatisme, et la stagnation sociale? Nous sommes en ce moment dans une phase de l'évolution majeure; un changement radical dans la façon de penser est nécessaire. L'ère de l'individualisme touche à sa fin, celle du la primauté du bien commun commence. Si j'ai écrit cet énorme paragraphe déblatérant sur le bien commun versus l'individualisme c'est que la gratuité scolaire est une mesure de bien collectif. Il s'agit d'offrir à la population l'accès à l'éducation, le droit de pouvoir étudier. Que je n'en entende pas un venir me dire qu'il va y avoir une congestion dans les universités et que le bac vaudra pu rien. C'est une affirmation des plus - pardonnez moi à l'avance - stupide. C'est comme lire la table des matières d'un livre et dire qu'on en a compris l'essence même et les conclusions. Il est évident qu'il existe des moyens de contrer un affluent d'étudiants trop lourd pour le réseau universitaire; il suffirait de contingenter les programmes, ca éviterait peut-être que des gens qui n'ont pas ce qu'il faut ou qui ne sont simplement pas doués pour les hautes études ne rentrent dans les programmes ou des gens qui n'ont pas les moyens de payer les frais de scolarités pourraient aller, et réussir. De la même façon il existe des solutions pour tout autre problème qui pourrait subvenir dans l'application de la gratuité scolaire, ce n'est cependant pas à moi d'en débattre ou de les trouver; je ne suis pas le ministre de l'éducaion ni ne suis ici pour déposer un projet complet, mais seulement pour défendre l'idée que l'implantation est faisable et bénéfique. Quoi qu'il en soit, Je disais que la gratuité est une mesure de bien collectif; il s'agit qu'une partie de la population, que ce sera un jour à notre tour d'être, sacrifie un peu d'elle même pour le développement de la société. De facto, mon message ici n'est pas seulement pour la gratuité scolaire, mais pour le changement idéologique. Je vous... non je nous demande d'être prêts à assumer certains sacrifices pour les autres. Je nous demande de faire un pas en avant, afin de promouvoir le développement social et afin de faire reculer le conservatisme, et le retour en arrière. C'est ce qui fait que la gratuité scolaire est aussi un choix politique; il s'agit de prendre position contre la tendance actuelle de retour au conservatisme et à l'individualisme. Certains vont dire ici que je suis idéaliste ou irréaliste et qu'il faut suivre le courant. À cela je réponds: "Oui je suis idéaliste! Je recherche l'idéal! Je veux avancer, continuer dans le développement des sociétés pour leur amélioration, pas pour leur stagnation." Irréaliste? non je ne crois pas; je sais que l'idéal est, par définition innateignable, mais on peut toujours s'efforcer de tendre vers celui-ci (c.f. Calcul différeniel et intégral 1 ). Quant à l'idée de suivre le courant je vous réponds que au contraire, il faut explorer toutes les options possibles. Ce ne sont pas les gens fermés d'esprit ou les "suiveux" qui ont fait de grades choses, ce sont toujours les visionnaires, ceux qui riste de penser, d'agir différemment, et d'essayer des choses nouvelles. C'est pourquoi je vous dis n'ayez pas peur d'essayer la gratuité; c'est une mesure pour le bien de tous, il ne nous en coûterais pas si cher de la mettre en place, qui plus est, c'est un pas vers le progrès, vers l'avenir. C'est une action pour contrer la stagnation sociale qui pourrait déboucher vers de grands bénéfices. Merci de votre attention, et si vous vous êtes rendus jusqu'ici, ben vous êtes courageux. Norm
Dernière édition par le Jeu 22 Fév - 20:43, édité 1 fois | |
| | | Norm
Nombre de messages : 21 Age : 36 Localisation : Ben... Montreal? Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Jeu 22 Fév - 20:26 | |
| Je pense ne jamais avoir écrit autant de trucs mal formulés de ma vie | |
| | | Guillaume
Nombre de messages : 239 Age : 38 Localisation : Ça dépend de ousque chuis. Date d'inscription : 30/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Dim 25 Fév - 0:14 | |
| Tout à fait d'accord avec ce que tu dis sur l'idéologie, Marc-Éric. Je rajouterais à ça que les plus forts partisans-nes du concept "utilisateur-payeur" en éducation, ce sont exactement les mêmes qui mettent sur la table le problème de vieillissement de la population (dixit: les Lucides).
Sauf que ces gens font la promotion, en proposant un faux gel ou un dégel ouvert, d'un mode de vie de jeune célibataire fortuné-e.
Or, les jeunes célibataires fortuné-e-s n'ont pas d'enfants.
Pourquoi? Parce qu'ils-elles ne veulent pas foutre en l'air leur vie de djètesète, parce qu'un môme ça coûte cher, parce qu'il faut commencer à économiser pour des ÉPARGNES-ÉTUDES cinq ans avant la naissance du petit ou de la petite.
Bien, la gratuité scolaire, ça sert à faire payer ces égoïstes-là, qui ne veulent pas nous donner une cenne et qui ne le voudront jamais, parce que en santé, parce que un gros char, parce que des employés pas syndiqués, parce que sera jamais sur le chômage, parce que pas de dents de sagesse, parce que...
Ce n'est pas aux familles à payer les études de leurs enfants: elles paient déjà assez. Aux riches célibataires de faire leur part, car ils-elles bénéficient gratuitement - ou presque - de la compétence de leurs sous-fifres bacheliers et de leurs esclaves-stagiaires.
Et puis, sans vouloir imiter les conservatrices idées du Prophète Groulx (qu'Allah couvre sa tête de l'aura de la Vérité), ça favorisera le taux de natalité en ôtant une barrière de plus aux futurs parents, anxieux de ne pouvoir faire autrement que de laisser leurs potentiels enfants vivre le début de leur âge adulte avec un revenu d'à peine la moitié du seuil de pauvreté. | |
| | | Mathieu S.P.O.R.
Nombre de messages : 12 Age : 38 Localisation : CEPSUM (plaisirs...) Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Dim 25 Fév - 11:43 | |
| Merci Norm pour ton opinion, (je l'ai lu au complet).
Il faut encore que lise des trucs avant de formuler une argumentation précise et claire contre la gratuité...je travaille là-dessus. De toute façon on va la trouver en détail dans le journal, puisque je fais un article contre la gratuité VS article pour de Guillaume. Lutte à mort en perspective? Je penserais pas, puisque on a des fois des visions semblables, mais de différentes façon de l'appliquer.
À ce qu'il me semble, l'augmentation de l'accessibilité aux études post-secondaires semble le point de départ de la gratuité, je partirai donc de ce thème là. Dans le sens que si la gratuité n'augmente pas l'accessibilité: c'est inutile. Mais bon, il y aussi une argumentation autour. Si vous croyez que la gratuité (gens pour ou contre) que ce n'est pas ça l'enjeu majeur ou qu'il y en a un autre, faites-moi en part.
ps: Merci guillaume pour la correction de mon erreure grossière et pour les liens aux documents.
Vive le PNSC, Vive A.A. | |
| | | Mathieu S.P.O.R.
Nombre de messages : 12 Age : 38 Localisation : CEPSUM (plaisirs...) Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Dim 25 Fév - 11:46 | |
| Oups, correction de mon message précédent:
Si vous croyez que l'accessibilité (gens pour ou contre) ce n'est pas ça l'enjeu majeur ou qu'il y en a un autre, faites-moi en part. | |
| | | Guillaume
Nombre de messages : 239 Age : 38 Localisation : Ça dépend de ousque chuis. Date d'inscription : 30/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Dim 25 Fév - 19:14 | |
| Mathieu, tu peux modifier tes messages et corriger en cliquant sur "éditer". Si tu modifies après qu'un autre ait déjà répondu, il sera écrit la date et l'heure de la modification en-dessous de ton message. Je viens de revérifier l'affaire du démotique: il apparaît finalement que quelques rares tablettes d'argile aient été gravées dans cette langue. Donc il n'y avait pas d'erreur. | |
| | | Norm
Nombre de messages : 21 Age : 36 Localisation : Ben... Montreal? Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Dim 25 Fév - 22:42 | |
| hey ho attendez la! ce n'est qu'un pan de mon argumentation! mais je ne me sens pas le courage de réécrire un autre deux trois pages pour le moment . | |
| | | Mathieu S.P.O.R.
Nombre de messages : 12 Age : 38 Localisation : CEPSUM (plaisirs...) Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Lun 26 Fév - 0:14 | |
| Je sais Norm que ton argumentation c'est plus que ça. Tout ce que je voulais dire c'est que l'accessibilité c'était la base du débat. | |
| | | Norm
Nombre de messages : 21 Age : 36 Localisation : Ben... Montreal? Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Mar 27 Fév - 17:13 | |
| ce que je voulais dire c'es que d'autres bases plus ou moins bien débattues seront intégrées dans la suite de mon élucubration lubrique que je devrais me décider à écrire apres les examens | |
| | | Guillaume
Nombre de messages : 239 Age : 38 Localisation : Ça dépend de ousque chuis. Date d'inscription : 30/01/2007
| Sujet: Re: Sur la gratuité scolaire. Jeu 15 Mar - 18:43 | |
| - Citation :
- Comment les médias québécois ont accrédité le dégel des frais de
scolarité
par Éric Martin
L’individu méprisable qui occupe actuellement le fauteuil du premier ministre du Québec a annoncé récemment qu’il dégèlerait les frais de scolarité lors du prochain mandat qui, selon toute probabilité, l’attend si l’on considère l’ineptie de « l’opposition ».
Cette idée, un clou de plus dans le cercueil du projet d’une éducation universellement accessible élaboré lors de la Révolution tranquille, ne manquera pas de réjouir les recteurs, les journalistes et éditorialistes qui ont préparé le terrain ces derniers mois, manquant par là à leur devoir institutionnel et intellectuel.
La dépolitisation du débat sur le financement de l’éducation, doublée d’une dépolitisation de la pratique journalistique, conduit les médias à couvrir cet enjeux sur la seule base de l’attitude des protagonistes, sur laquelle on a plaqué des schèmes narratifs simplistes.
Le résultat est une légitimation de l’idéologie néolibérale, du fatalisme économique et de l’adaptation stratégique comme dernière « liberté citoyenne », le tout sous le mode irréfléchi d’un renoncement pieux qu’appellerait le Progrès.
Des schèmes narratifs ridicules
Une première caractéristique de ce débat superficiel est l’oubli de la nature publique des institutions d’enseignement supérieur, et la responsabilité inhérente des gouvernements de les financer à la hauteur de leur mission. Cela est d’autant plus facile qu’on postule d’emblée que les finances publiques ne permettent plus de financer l’éducation : il faut donc trouver une nouvelle vache à lait.
L’analyse politique, chez nos scribouillards, se réduira à des schèmes « narratifs » (sic) issus tout droit des fables moralistes à deux sous ou encore des scénarios hollywoodiens.
1. Misérabilisme C’est donc l’histoire d’une école qui n’a pas d’argent. Il faut en mettre dedans, mais le gouvernement n’en a pas, et n’en aura pas non plus, même s’il le voudrait bien, car il est vertueux lui aussi même s’il est ultracapitaliste et anti-État, ce qui explique son air contrit.
2. Courage devant l’adversité, sacrifice et don de soi C’est l’histoire du héros confiant qui ose faire le nécessaire (« what must be done ») malgré la douleur, un peu comme on euthanasie un vieux chien malade, la larme à l’oeil.
3. Résister à la corruption, défier la tradition C’est Jean Charest qui, bravant l’impopularité, risque sa peau (selfless) pour accomplir une tâche rebutante, mais historiquement inévitable. Il ose « briser le tabou » et affronter les méchants « groupes de pression » étudiants, qui ne manqueront pas de « monter aux barricades » pour défendre leurs privilèges (et entraver le Progrès).
4. Se serrer les coudes, faire sa part Il demande (à contrecoeur) aux étudiants de faire leur part, en bons partenaires du développement des instruments de « création de la richesse » que sont les universités. C’est ici qu’intervient le stéréotype qui stipule que« chacun doit faire sa part », variante 2007 du « chacun doit mettre de l’eau dedans son vin » de la grève étudiante de 2005. Voici la responsabilité du financement de l’éducation partagée « équitablement » (sic !) par les deux acteurs en présence, ce qui a l’avantage d’éclipser le caractère spécifique de l’état comme agent de redistribution de la richesse collective. La poche d’un étudiant de collège et assiette fiscale étatique sont indifférenciés. Et chacun doit « faire son bout de chemin »...Cela a aussi l’avantage de présenter celui qui refuse toute concession comme un « jusqu’au-boutiste » incapable de « travailler avec les autres », celui qui veut tout avoir, l’opiniâtre désagréable et inflexible.
5. Être de son temps, reconnaître les « faits », faire face à la réalité, être réaliste Aucune analyse de classe. Le conflit social n’existe pas. Les néolibéraux n’affament pas l’état depuis 30 ans. C’est simplement que le gel a « fait son temps », qu’il « a vécu », passé de mode comme le fuschia où les guitares pianos.La nécessité temporelle se joint ici à la nécessité économique, à laquelle il faut ensuire ajouter le troisième ingrédient : l’élément culpabiliste. « Ah ! On ne peut plus se le permettre », sans qu’on sache trop pourquoi, ni comment on se le « permettait », jadis, dans l’âge d’or révolu.
La gratuité scolaire ? Une hérésie, une folie qui ne marche pas et coûte trop cher ! Et, du reste, pourquoi voulez-vous abolir les frais alors que la nécessité économique commande de les hausser ?
The end
Et c’est ainsi qu’une bande d’ignares qui jouent les économistes amateurs, pressés de tirer l’échelle derrière eux, auront accablé des étudiantes monoparentales de 500$ de plus par année avant d’aller bruncher à L’Express. Parce que, du moment qu’on ne pense pas, ça se comprend très vite comme une belle histoire toute simple avec un héros, des péripéties, des adjuvants et une finale logique, comprenant même une belle morale d’abnégation judéo-chrétienne.
Poignarder l’éducation supérieure en versant des larmes de crocodiles : voilà précisément ce qu’on fait les médias québécois. La vérité ne les intéresse pas : ce n’est pas une bonne histoire...
ÉRIC MARTIN *
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